
Le Togo a depuis samedi un nouveau Président de la République. Il s’agit de Jean-Lucien Kwassi Lanyo de Tové (86 ans) élu par le Parlement lors d’un Congrès. Le choix de M. Savi de Tové, surtout son âge suscite des débats au sein de l’opinion. Mais qu’est-ce qui explique réellement ce choix ?
Le poste de Président de la République, contrairement à celui de Président du Conseil n’a pas été conçu pour des jeunes, dans le cadre de la 5e République. L’âge pour y accéder est d’un minimum de 50 ans, alors que celui du Président du Conseil est de 40 ans.
La première rédaction du projet de Constitution l’avait même fixé à 60 ans avant de le ramener à 50 ans. La raison est que le Président de la République est le Symbole de l’unité nationale.
« Il faut nécessairement de la pondération, une bonne expérience et de bonnes connaissances pour exercer cette fonction. Le titulaire doit donc connaître suffisamment les réalités, les subtilités, les contradictions, les difficultés, l’histoire, la sociologie de notre pays et même les traits de caractères personnels prévisibles ou non des hommes et femmes qui animent la vie socio-économique et politique de notre pays pour pouvoir accompagner le président du conseil, les présidents des institutions de la république et tous les acteurs, de sa sagesse, de ses compétences et de ses orientations dans la consolidation de l’unité nationale. Il doit lui-même avoir été un acteur ou un observateur avisé et expérimenté de la gouvernance d’État et de la vie politique nationale. Il doit disposer d’une bonne connaissance du fonctionnement interne des institutions pour pouvoir parler de ces choses », évoque un observateur de la scène politique togolaise.
L’âge et l’expérience sont nécessairement des présomptions importantes de sagesse et de connaissance du pays.
« C’est vrai que tous les vieux ne sont pas sages et tous les sages ne sont pas vieux. Mais on peut présumer jusqu’ à preuve du contraire qu’un homme de 86 ans au parcours administratif, politique et institutionnel aussi riche et un caractère personnel pondéré confirmé par de sérieuses enquêtes est un Sage digne de la fonction présidentielle et de ses implications », a-t-il ajouté.
Quant au choix de Jean-Lucien Savi de Tové, il a affirmé que l’homme n’est plus à présenter et son élogieux parcours professionnel et politique en est l’illustration.
« Je voudrais simplement mettre l’accent sur son parcours politique et sa connaissance de notre pays, de ses acteurs, de son histoire et des institutions qui font de lui l’un des meilleurs candidats à cette haute fonction parmi d’autres célébrités tout aussi méritantes », a-t-il déclaré.
A l’en croire, M. Savi de Tové est un homme politique, membre d’un parti d’opposition qui a fait tout le parcours politique des 40 dernières années du Togo. Ses compagnons de lutte sont notamment le premier ministre Edem Kodjo. Il a fréquenté, coalisé, décoalisé, transigé et négocié avec les grands acteurs présents ou passés de la vie politique et socio-économique du pays.
Le nouveau Président de la République a participé aux nombreux dialogues politiques et a été membre de délégations lors des médiations nationale ou internationale dans le parcours du pays. Il a été au gouvernement et connaît le fonctionnement des institutions. Il est de nature modérée et pondérée, ce qui facilite l’unité nationale qui implique d’agir comme passerelle entre toutes les positions politiques, les doctrines, les diversités sociologique et ethniques, et de pouvoir se mettre au-dessus de la mêlée.
Jean-Lucien Savi de Tové a par ailleurs une filiation familiale qui incline nécessairement dans cette période de changement de paradigme, à le choisir lui personnellement. Il est le fils de feu Jonathan Kokou Savi de Tové, l’un des membres fondateurs et militant du CUT, président de l’Assemblée nationale du Togo de 1958 à 1963.
Il s’est ensuite exilé en Allemagne après le coup d’état de 1963 et la fin de la première République. Son père aurait refusé de mettre en place depuis l’Allemagne, un gouvernement en exile contre le gouvernement de la deuxième République, bien qu’opposé et victime du coup d’État.
« L’élire comme premier Président de la Ve République par une majorité acquise à UNIR, est une véritable marque et un grand symbole de dépassement des clivages politiques historiques pour converger vers l’unité nationale totale et sans discrimination. Cette dimension met à la charge de l’homme choisi par le congrès, les représentants du peuple togolais, a qui nous avons, en tant que électeur donné délégation, une immense responsabilité dans la conduite de l’unité nationale », a-t-il relevé.
L’histoire personnelle, l’expérience politique, professionnelle et l’âge de l’élu sont des gages de compétences et des qualités recherchées dans le contexte actuel du pays et dans le cadre de l’alternance réclamée au sommet de l’État.